…ou comment se préserver des coups durs.
Chacun a sa façon de gérer le stress, les disputes, les coups durs de la vie.
Mon truc à moi, c’est l’oubli.
Je ne me souviens quasiment de rien jusqu’à mes 16ans… bien sûr, il y a quelques choses qui me reviennent de temps à autre mais très peu résument mes premières années alors je me raccroche à ce qu’on veut bien me raconter. A 16 ans ou presque, j’ai arrêté d’avoir peur des gens et malheureusement pour les autres (je suis une grande bavarde !!) ce n’était qu’un début. Je me suis mise à parler, à montrer qui j’étais vraiment, à faire l’andouille, à m'extérioriser, en un mot à vivre avec le monde qui m'entourait.
A 16 ans, je suis partie de cette maison que j’aimais plus que tout mais qui me maintenait prisonnière. Il y avait plein de raisons aussi valables les unes que les autres que ce soit les études, la « responsabilité » envers mon frère, les reproches incessants de mes parents que je ne supportais plus... (les reproches pas mes parents !! quoiqu’à ce moment là je sais plus trop). Bref, la filière « bio » ne se faisait que là bas à 20kms de la maison et j’avais le choix entre prendre le bus tous les jours ou alors partir en internat.
J’ai choisi la deuxième option par rébellion. Depuis le temps qu’on me tannait avec des « t’es pas contente ? t’as qu’à partir !! », ben voilà, l’occasion a fait le larron. Autant vous dire que j’ai pas fait trop la maligne… le premier trimestre a été un enfer. Je me suis retrouvée, seule, dans une petite chambre d’internat de 6 m² au décor modeste, loin de ma famille, de mes amis, fermée là du lundi matin où maman me déposait à la porte jusqu’au vendredi soir avec une petite visite de mon père à mi semaine au « parloir » comme on l’appelait. Petit à petit, je me suis habituée à cette nouvelle vie. J’ai apprécié l’éloignement de ma famille, les visites de mon père n’ont plus eu lieu d’être, je me suis fait de nouveaux amis. J’étais heureuse de rentrer le week end, mes parents, heureux de me revoir et plus de reproches… ceux ci retombaient sur mon ti frère qui n’a pas compris pourquoi j’étais partie et pourquoi je l’avais « abandonné ». Mon ti frère que j’adore, duquel j’ai toujours essayé d’être proche, mais qui ne supportait pas la fuite de sa seconde maman. J’avais 16 ans, il avait été jusque là ma priorité, il l’était toujours mais différement…
Depuis, je continue de fonctionner de cette façon. Il me manque plein de bouts de ma vie, des bouts que j’ai occultés et qui ne me sont pas nécessaires pour être bien dans ma peau. Ça paraît effrayant comme ça mais en fait, c’est tout à fait gérable voire indispensable en ce qui me concerne. Ces petits bouts, même enfouis, ont fait de moi, ce que je suis aujourd’hui.
Bisous